La musique face au système des arts
MARTIN Marie-Pauline / SAVETTIERI Chiara

Depuis la fin du XVII^e siècle, comme l’illustre Charles Perrault dans son Cabinet des beaux Arts (1690), la musique compte parmi les beaux-arts. Une fois mise en système avec la poésie, la peinture, l’architecture ou même la danse, son identité est alors questionnée, son analogie avec les autres arts étudiée, sa spécificité recherchée, et sa valeur discutée. L’enjeu de ces discussions dépasse le seul intérêt musicologique. Précisément, l’hypothèse ici soutenue est que l’art musical, admis comme objet et partie des beaux-arts, peut instituer lui-même un système de représentation de la nature. Posé tout d’abord comme référent, l’objet musical soumet les autres arts à l’épreuve de sa propre spécificité. Pensé encore comme modèle d’une conception particulière du beau, il fournit alors l’instrument d’une appréciation des autres disciplines, met en jeu leur propre statut et leur ordonnance hiérarchique. Au-delà d’une recherche purement spéculative, ce travail veut trouver assise dans une histoire culturelle, celle de la seconde moitié du XVIII^e siècle, époque à laquelle le discours sur les arts visuels témoigne d’une culture et d’une conscience artistique indissociable de la question musicale, et réciproquement.