À travers une enquête immersive et sensible dans les studios d’enregistrement de Dakar, cet ouvrage dévoile le monde méconnu des beatmakers sénégalais qui inventent au quotidien les sons du Sénégal contemporain.
EXTRAIT
La musique sénégalaise est souvent associée aux tambours sabar popularisés par Doudou N’Diaye Rose, classé « Trésor humain vivant » de l’UNESCO en 2006, au mbalax propulsé sur la scène internationale par Youssou N’Dour ou encore au rap galsen engagé de Didier Awadi et du mouvement Y’en a marre contre la mauvaise gouvernance et la 3ᵉ candidature d’Abdoulaye Wade en 2012. Mais qui connaît Sidy « Diss » Talla, The Ay Girl ou Jeuuss, et leur travail de beatmaking dans les studios dakarois ? Comme ailleurs, les producteurs africains restent invisibles, l’industrie musicale privilégiant la notoriété des stars et un imaginaire de l’artiste créateur omnipotent.
Pourtant, les beatmakers — compositeurs, ingénieurs du son, directeurs artistiques, parfois propriétaires de studios — jouent un rôle essentiel, bien que leur statut soit flou et qu’ils ne soient pas toujours reconnus. Alors que l’IA générative menace certains métiers culturels, l’ouvrage de Maël Péneau renverse la perspective : il met en lumière ces figures méconnues, opérant un passage d’une « écologie du visible » à une « écologie de l’invisible ».
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