Suivre les pas de Poulenc, c'est vivre dans un Paris de légende ;
 aller à la rencontre de Picasso, Matisse et Dufy, d'Apollinaire et
 Gide, Radiguet et Max Jacob ; découvrir les ateliers du Mont-parnasse
 artiste, entrer chez les marchands de tableaux qui
 défendent le cubisme, suivre les créations des Mamelles de Tirésias
 et de Parade, participer à l'aventure des Ballets russes, passer
 de la comète étincelante de Cocteau au lyrisme et aux litanies
 poétiques d'Éluard... Il n'est guère de destin de musicien
 comparable à celui-là. Un musicien pétri de théâtre, de poésie
 et de peinture, tout à la fois enfant et témoin de la France de la
 première moitié du XXe siècle, où s'entrechoquent les Années
 folles, la grande crise des années 1930 et deux guerres mondiales.
«Ma musique est mon portrait», disait-il peu avant sa disparition.
 Tout au long de son existence, Poulenc se présente, se peint, se
 confie, avoue même se confesser en musique. Plus sans doute
 que chez aucun autre compositeur, sa vie nourrit son oeuvre.
 Écrire sa biographie, c'est éclairer son imaginaire, son style et
 son esthétique.
Se fondant sur nombre de sources inédites (correspondances,
 archives, témoignages), explorant les relations du musicien
 à sa famille, au milieu artistique et culturel de son temps, à
 l'Église et au Tout-Paris, à l'avant-garde et à la tradition, aux musiques
 populaires et aux musiques du passé, croisant l'intime et
 le social, le travail secret du compositeur et l'activité publique
 du concertiste, éclairant les nombreuses contradictions qui animent
 cette personnalité hors du commun, Hervé Lacombe livre le portrait
 nuancé et foisonnant d'un homme à fleur de peau, déchiré par
 des aspirations et des désirs incompatibles, soucieux de prendre
 place dans l'histoire de la musique tout en restant fidèle à un
 monde dont il observe la disparition.